Pour préparer une médiation bipartite, les personnes ont besoin d’un accompagnement individuel pour accueillir la souffrance, détricoter les constructions mentales et sortir de leur position de victime.
Très souvent quand les personnes sont en situation de conflit au travail, elles traversent une phase de déni. En effet, souvent elles croient sincèrement que la situation se résoudra d’elle-même et adoptent une attitude passive. Malheureusement, le facteur temps renforce la confusion et la paralysie. Alors, la situation se cristallise et la réalité est perçue avec une plus grande distorsion cognitive. Chaque événement vient renforcer cette perception limitée de la situation et génère des« prophéties auto-réalisatrices ». Quand des tentatives de solutions sont mises en place, on s’aperçoit qu’elles restent axées autour d’un même thème (en lien avec la perception limitée de la situation) et finissent par entretenir le problème, voire renforcer le conflit. Chacun a raison dans son monde et tout contribue à le lui prouver. A ce stade, pour préparer une médiation bipartite, les personnes ont besoin d’un accompagnement individuel pour accueillir la souffrance, détricoter les constructions mentales et sortir de leur position de victime. Une fois la souffrance et les besoins quittancés par le médiateur, le travail de régulation émotionnelle peut commencer. Tant que la souffrance prend de la place, la personne est incapable d’entendre un point de vue autre que le sien.
La régulation émotionnelle, l’intégration par les mouvements oculaires (EMDR), certains protocoles d’hypnose/PNL, le clean coaching, etc. sont des outils que nous pouvons utiliser pour libérer la charge émotionnelle de la personne. Cela ouvre un espace permettant à la personne de prendre du recul et de raisonner plus clairement. Sans cela, il est inutile de poursuivre la démarche. Ce serait un dialogue de sourds et d’aveugles voué à l’échec.
Un des bénéfices étonnant de cette séance préalable - hormis le soulagement d’avoir été entendu - est de voir la personne réaliser en quoi elle entretenait le conflit, de la voir également se responsabiliser, s’autonomiser et finalement reprendre son pouvoir d’action. Ainsi elle se libère et parvient certaines fois à « s’émanciper » de sa position de victime pour ne plus la reproduire ou la revivre. Cette leçon-là n’a pas de prix.
Sharon ADLER
Médiatrice, Négociatrice, Formatrice, Coach, Conférencière
Fondatrice de Négo-Médiation, Cabinet de Facilitation des Relations Humaines au profit de la Performance des Entreprises
Genève - Lausanne - Annecy