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A la question « qu’attendez-vous de cette médiation », j’entends fréquemment la réponse : « que tout redevienne comme avant, au tout début »
En tant que médiatrice, à la question « qu’attendez-vous de cette médiation », j’entends fréquemment la réponse : « que tout redevienne comme avant, au tout début ». (Cela s’entend bien sûr uniquement lorsque deux collègues ont eu pendant un temps une collaboration sereine et fructueuse.) Je comprends cette réponse, elle est rassurante car nous connaissons bien le passé, nous l’avons déjà vécu. Et puis le passé est systématiquement et inconsciemment idéalisé lorsque nous vivons une situation conflictuelle complexe qui semble inextricable : oui, c’était forcément mieux avant, quand je ne souffrais pas … quand on se parlait et qu’on riait ensemble … Cet « avant » dont me parlent les médiés est entouré d’une aura idyllique, même s’il ne l’était pas réellement.
Ce que cette réponse révèle surtout est une peur viscérale du changement et donc de l’inconnu. Dans ma pratique, beaucoup de médiés se réfèrent à leur« excellente » collaboration passée et le mieux pour eux serait un retour en arrière. Or s’il y a quelque chose d’essentiel à apprendre d’un conflit quel qu’il soit, c’est qu’il est sensé nous faire avancer et non reculer. Or cet état d’esprit passéiste tend soit à ralentir le processus avec une résistance passive paralysant une potentielle co-construction, soit carrément à l’empoisonner avec des souhaits irréalistes visant à retrouver l’harmonie ou la complicité d’antan.
Il est impossible de reconstruire une relation à l’identique, elle sera forcément différente, ne serait-ce que parce que le conflit laisse parfois des cicatrices. Ce que je m’efforce de transmettre toutefois c’est que « différent » ne signifie pas nécessairement moins bien ; cela signifie nouveau, autre, et oui évidemment non-maitrisé. N’oublions pas que 92% de nos peurs sont infondées : en effet il n’y a que 8% de nos peurs qui sont fondées sur une menace concrète, le reste est irrationnel. Après la destruction conflictuelle, tout est à reconstruire. Cela requiert une bonne dose de remise en question et d’adaptabilité. Alors, prenons notre courage à deux mains et osons aller à la découverte de l’inconnu. Qui sait, peut-être nous réserve-t-il de belles surprises ?
Sharon ADLER
Médiatrice, Négociatrice, Formatrice, Coach, Conférencière
Fondatrice de Négo-Médiation, Cabinet de Facilitation des Relations Humaines au profit de la Performance des Entreprises
Genève - Lausanne - Annecy